Résumé
Le débat sur les « arts libéraux » qui eut
lieu au sein du corps enseignant du campus de Régina durant les
années 1960 reflétait les mouvements sociopolitiques du temps,
en particulier la montée du pouvoir étudiant et de la Nouvelle
Gauche. À la même époque, il faisait revivre un débat beaucoup
plus ancien sur la nature de l’éducation libérale dont
l’historien Bruce Kimball situe l’origine à la pensée de Socrate
et de Cicéron. Le typologie de Kimball, opposant les « orateurs
» et les « philosophes », apporte de l’ordre et de la clarté à
ce qui, autrement, apparaîtrait comme un fouillis de points de
vue contradictoires. La tradition « oratoire » privilégie une
éducation générale qui repose sur la vérité connaissable comme
moyen de préparer la jeunesse à une citoyenneté responsable et
active. L’idéal « philosophique » (ou sans arts libéraux) met
l’accent sur la liberté de rechercher la vérité, cette quête
éternelle que l’on n’atteint jamais, et a mené à la prédominance
de la recherche scientifique et à la fragmentation de la
connaissance. Les « orateurs » ont perdu le débat des années
soixante et l’idéal « liberal-free » est maintenant quasi
incontesté.