Résumé
Cet article présente le rôle des Soeurs
Grises dans le développement d’un enseignement universitaire du
nursing au Québec. À travers le dépouillement de leurs archives
et celles de la Faculté des sciences infirmières de l’Université
de Montréal, les auteures analysent les processus qui ont
conduit à la formalisation de cette discipline. Elles notent le
transfert des savoirs pratiques, que les Soeurs Grises ont
acquis comme gestionnaires dans les grands hôpitaux du pays, en
savoirs théoriques indispensables à l’établissement d’une
science du nursing. Ce faisant, les Soeurs Grises s’engagent
également dans un processus de laïcisation du soin, tout en
affirmant son lien irrévocable avec les approches catholiques.
Ainsi se dégage un modèle de soins qui apparaît comme l’élément
structurant de l’organisation hospitalière, et qui résiste aux
transformations multiples du champ sanitaire de la période de
l’après-première guerre. De plus, en lien avec d’autres travaux,
on souligne l’importance de ce modèle et sa persistance dans le
système d’éducation et de santé, malgré le mouvement de
démocratisation et de laïcisation des années 1970.