Résumé
Le Projet des langues autochtones du Nord
de 1979-1980 influença le développement d’une politique
provinciale pour l’enseignement des langues autochtones en tant
que matières d’enseignement et pour la certification des
enseignants en langues autochtones en Ontario. Il amena aussi le
développement d’un matériel pédagogique d’enseignement de
l’anglais langue seconde culturellement approprié, destiné aux
écoles fréquentées par les étudiants autochtones du nord de
l’Ontario. Le projet fut toutefois incapable de faire progresser
l’idée de langues autochtones comme langues d’enseignement. Cet
article résume les principales recommandations du projet,
examine les réactions des intéressés, décrit le processus
d’élaboration de la politique ainsi que les décisions politiques
qui en découlèrent, et examine l’impact de ces décisions,
particulièrement en ce qui concerne le rôle des langues
autochtones en Ontario. Bien que le ministre ontarien de
l’éducation, souvent perçu comme un obstacle à l’avancement de
l’éducation autochtone, fût prêt à appuyer entièrement l’usage
des langues autochtones comme langues d’enseignement,
l’opposition de et du développement du Nord fit en sorte que la
province abandonna le projet. La suppression des langues
autochtones dans les pensionnats fédéraux gérés par l’Église est
souvent mentionnée comme étant l’un des facteurs de
l’utilisation décroissante de ces langues. On suppose aussi
souvent que l’engagement du gouvernement fédéral de 1973 envers
l’énoncé de principe La maîtrise indienne de l’éducation
indienne (MIÉI) annonça des changements importants dans
l’éducation indienne. Cette étude montre que, malgré le MIÉI,
les décisions politiques ontariennes contribuèrent à la
suppression des langues autochtones, leur attribuant un rôle
symbolique dans pratiquement toutes les écoles de l’Ontario
dirigées par le gouvernement fédéral et par les conseils
scolaires provinciaux. Alors que les décideurs reconnaissaient
que bon nombre d’étudiants autochtones du Nord éprouvaient des
difficultés sur le plan de la réussite scolaire, ils
attribuèrent ces problèmes d’apprentissage à des carences en
anglais; leur solution fut l’immersion anglaise des étudiants.