Résumé
L’enseignement et le soin des malades
étaient les principales carrières que choisissaient les femmes
célibataires de la classe moyenne à l’époque de la Grande Guerre
mais, seules les infirmières étaient éligibles au service actif,
accompli au sein des hôpitaux militaires outre-mer. On
s’attendait à ce que les institutrices restent à la maison et,
comme les autres femmes, se portent volontaires pour des projets
patriotiques. Ce rôle s’avérait trop passif pour certaines, qui
renoncèrent à leurs carrières pour former, temporairement, un
corps d’aidesinfirmières volontaires; plusieurs servirent
outre-mer dans les hôpitaux militaires britanniques. L’histoire
de ce groupe particulier permet de découvrir de nouvelles
facettes des attentes sociales à l’égard du travail
professionnel des femmes canadiennes au début du XXe siècle. La
transformation des institutrices en infirmières durant la guerre
était légitimée par le remplacement des qualités de genre et de
classe pour permettre la formation spécialisée, offrant aux
institutrices une occasion autrement inaccessible d’accomplir un
service actif outre-mer. Leur expérience soulève d’importantes
questions sur la signification de l’identité professionnelle des
occupations féminines traditionnelles et du développement
professionnel qui survint après la guerre.